Vacance commerciale : que faire de tous ces m 2 ?
Depuis la crise sanitaire, la vacance, qui dépassait déjà les 10 % dans les centres commerciaux, a nettement progressé, passant de 11,8 % en 2019 à 14 % en 2022*. Une situation qui conduit aujourd’hui les bailleurs et gestionnaires d’actifs retail à se tourner davantage vers les baux dérogatoires. Une solution qui, si elle ne peut être que provisoire, présente toutefois des avantages non négligeables.
Des marques de grande consommation dans la tourmente
Après la Covid-19 et aujourd’hui avec l’inflation, les grandes enseignes/marques souffrent. Beaucoup d’entre elles paient leur manque d’adaptation à de nouveaux modes de consommation, qui se sont fortement accélérés ces dernières années.
Au sein des grandes marques et enseignes de prêt-à-porter, mais aussi chez les distributeurs
spécialisés, c’est l’hécatombe depuis le début de l’année. Qu’elles aient mis la clé sous la porte, aient été rachetées ou placées en redressement judiciaire, leur liste ne cesse de s’allonger : Gap France, San Marina, André, Go Sport, Kookaï, Camaïeu…
Au-delà des emplois détruits, c’est aussi un coup dur pour les centres commerciaux, dans lesquels ces grandes enseignes sont particulièrement bien implantées et louent de nombreux m 2 . Que faire de toute cette vacance en attendant de retrouver un remplaçant ou un concept pérenne, afin de limiter la perte de valeur locative tout en préservant l’attractivité du site ?
Le bail dérogatoire : une solution à adopter
Le recours aux baux dérogatoire apparait aujourd’hui comme l’option la plus suivie par les bailleurs et gestionnaires d’actifs retail de petite et moyenne tailles ; les grands centres ayant moins de difficulté à combler leur vacance. Ces dispositifs présentent de nombreux avantages pour eux :
- Profiter d’un délai de commercialisation de courte durée, sans contractualisation
- Attirer une nouvelle population en proposant des commerces ou animations
originaux et moins commerciaux. - Evénementialiser le centre et communiquer sur des actions différentes et
différenciantes. - Occuper les cellules toute l’année et ainsi maintenir l’attractivité du centre
Quel dispositif pour combler la vacance commerciale ?
Comment, dès lors, bien choisir les commerces ou animations qui viendront prendre place pour quelques jours, semaines ou mois dans le centre ? Il faudra bien sûr tenir compte de l’environnement du site, comprendre les attentes des visiteurs et de la population de manière plus globale.
Ce bail dérogatoire pourra être proposé à un commerçant local, une association, une entreprise de service, n’ayant pas les moyens de s’installer à l’année dans un tel lieu. Des pure players peuvent également en profiter pour y ouvrir une boutique éphémère, afin de créer l’événement autour de leur marque et rencontrer leur public. Certaines le font dans l’optique de tester un concept en vue du développement d’un futur réseau physique.
Profiter de la vacance commerciale pour réaffirmer son rôle dans la société
Ce bail dérogatoire est aussi l’occasion de travailler l’image du centre commercial. De lui offrir un visage dans l’air du temps, en phase avec les attentes des citoyens et consommateurs d’aujourd’hui et de demain !
C’est ainsi que, pour combler un espace vacant de plus de 300 m 2 , le centre de Rosny-Sous-Bois (93) s’est associé à Pôle emploi pour un projet expérimental inédit : un tiers lieu high-tech pour les chercheurs d’emploi, qui a déjà aidé plus de 7 000 personnes !
Yookan, c’est son nom, se présente comme un espace d’innovation, gratuit et dédié à l’insertion professionnelle. Ce parcours entremêle équipements high-tech (casques VR, simulateurs…) et divertissements, permettant d’explorer différents métiers qui recrutent. Le demandeur d’emploi dispose à la sortie d’une liste de petites annonces proposant des immersions sous forme de stages d’observation dans des entreprises, pour approfondir son intérêt pour une profession en particulier.
« Des expérimentations comme celles menées à Rosny-Sous-Bois sont extrêmement valorisantes pour le centre commercial. Ces lieux sont souvent associés à un modèle purement capitalistique ; le fameux temple de la consommation. En créant un tel espace, le centre de Rosny-Sous-Bois démontre le rôle actif qu’il veut jouer au niveau local en répondant à une problématique sociale. Il joue ainsi pleinement son rôle d’acteur de la cité. En termes d’image, c’est extrêmement positif », constate Katell Stansfield.
Une valeur plus immatérielle qui va dans le sens de l’histoire
Un centre commercial peut aussi rebondir sur la tendance de la consommation durable, en faisant venir des associations comme Emmaüs proposant des produits de seconde main solidaires ou encore inviter des artistes créatifs et innovants pour imaginer des déambulations insolites.
Demain, ces espaces pourront retrouver des locataires plus traditionnels, mais aussi, dans cette idée d’être davantage un lieu de vie que de consommation, accueillir de nouvelles activités, telles que : salles de sport, coiffeurs, cabinets paramédicaux, espaces de coworking…
Des « commerces » de centre-ville driveront une nouvelle population et apporteront avec ceux tout un écosystème de services inédits dans le centre commercial. Cette évolution vers un lieu toujours plus hybride, logique et cohérente avec les attentes de consomm’acteurs, s’observe déjà et devrait se renforcer dans les prochaines années.
ACCESSITE lui consacre d’ailleurs un chapitre entier dans son livre blanc : « Le Centre Commercial en 2030 », à télécharger gratuitement ici !
*Étude Procos données Codata 2022