Le Métavers s’apprête-t-il à révolutionner le retail ?

« Meta », comme au-delà et « Vers », comme univers. Interagir au-delà de notre univers, c’est la promesse vertigineuse que nous lance le Metavers. Dans ce monde virtuel, on peut assister à des concerts, participer à des réunions d’affaires ou suivre des cours, par le biais de son avatar. Et si, demain, les consommateurs y faisaient aussi leur shopping ? Loin d’être une fiction, le marché du Métavers, dans son ensemble, est estimé à 5 000 milliards de dollars d’ici à 20301. Un potentiel gigantesque qui bouleversera, nécessairement, l’avenir du retail.

Une promesse balbutiante, mais bien réelle, pour le secteur du retail

En réalité, il n’existe pas un, mais plusieurs Métaverse, très différents les uns des autres. Leur point commun est d’être accessible via la technologie VR (réalité virtuelle), et de permettre d’interagir avec les autres personnes par le biais d’un avatar. Dans chacun d’eux, il est possible d’acheter un bâtiment, de créer des événements ou de vendre des objets virtuels. Les marques commencent donc à s’y intéresser de près, à l’instar de Nike ou Balenciaga, pour ne citer que ces deux exemples. Elles y développent des collaborations avec des jeux vidéo, ou encore y lancent des collections capsules de vêtements virtuels.

S’il fascine, l’avenir de ce méta-monde n’est pas pour autant encore tout à fait clair. La technologie, prometteuse, en est à un stade embryonnaire. Et, pour l’heure, le Metavers reste une destination de niche, privilégiée par les acteurs du gaming, de la culture ou du luxe, qui voient dans les NFT une parade intéressante à la contrefaçon. 

La démocratisation pourrait, néanmoins, venir très rapidement. Les progrès techniques avancent à la vitesse de la lumière et, du côté des consommateurs, l’engouement est là. Près de 60 % d’entre eux se déclarent enthousiaste à l’idée de la transposition de leurs activités quotidiennes dans le Métavers. Demain, c’est donc le retail qui risque bien d’y faire sa révolution. 

Une expérience-client décuplée

Tout concorde, en effet, pour faire de ce monde parallèle le futur terrain de jeu des acteurs du retail et, notamment, des centres commerciaux. La pandémie de la Covid-19 a accéléré le passage à la consommation numérique, modifiant les expériences et les attentes des consommateurs. Ces derniers sont en quête de rapidité, de personnalisation, d’émotions. Dans le même temps, la crise sanitaire a renforcé le besoin d’interaction humaine et a remis en lumière le sens de la communauté. Le Métavers répond à ces enjeux. Dans cet espace immersif, perpétuellement ouvert, les consommateurs peuvent créer des liens et interagir aussi facilement que dans le monde physique. 

Depuis le confort de son canapé, le client plonge en quelques clics au cœur de son magasin en 3D. Il déambule au sein des différents espaces et flâne en contemplant les vitrines. Envie d’une tenue en particulier ? En un clin d’œil, il est transporté dans la boutique et le rayon de son choix. Et, si un vêtement lui plaît, il n’a qu’à l’essayer dans la cabine virtuelle ! Comment rêver d’une meilleure omnicanalité ?

Au-delà de la simple duplication virtuelle des points de vente, l’expérience qui est offerte aux consommateurs se révèle très riche. Ces derniers peuvent bénéficier de promotions et privilèges personnalisés, orchestrés dans de puissantes stratégies marketing. On pourrait même aller jusqu’à imaginer des services d’assistants personnels pour enrichir encore l’expérience. Dans le Métavers, cette dernière n’est pas seulement augmentée, elle est littéralement décuplée !

Un bouleversement profond des stratégies marketing

Conscients de ce potentiel, certains acteurs du retail se sont déjà lancés dans l’aventure du Métavers. Ainsi, le groupe Casino a récemment débarqué sur The Sandbox pour y proposer des promotions et des bons d’achat, à utiliser dans le monde réel. Carrefour a, lui aussi, acheté une parcelle de terrain sur la même plate-forme, tandis que le magasin Le Printemps propose à ses clients son alter-ego, entièrement en 3D. Dans le domaine de la mode, des méta-collections voient le jour, telles « Lime Glam », disponible sur la plate-forme Zepeto. Ces vêtements sont conçus spécifiquement pour être portés dans le monde virtuel. Un nouveau choix s’ouvre aux clients, entre tenue physique ou numérique, et pourquoi pas les 2 ?

Le changement dans les habitudes de consommation est tel qu’il nécessitera, obligatoirement, une très grande adaptation chez les acteurs du retail. Pour profiter de l’extraordinaire potentiel du Métavers, ces derniers doivent acquérir de nouvelles compétences, telles que la conception de stratégies de marketing Web3. Ils devront aussi s’adapter à un nouvel état d’esprit, dont la tendance se dessine déjà sur les réseaux sociaux : la GenZ aime s’y créer une, voire plusieurs identités, à travers des personnages fictifs. La réalité y est déformée, les vies embellies. 

Cette tendance va s’amplifier encore dans le Métavers avec les avatars, qui donnent d’infinies possibilités en la matière. Un même consommateur aura ainsi, probablement, plusieurs personnas. Les stratégies marketing, quant à elles, seront donc nécessairement plus complexes. L’abondance des données générées par les utilisateurs à partir des casques VR permettra également aux marques de se rapprocher de leurs clients. Le consommateur, dans le même temps, aura plus de pouvoir. Demain, c’est lui qui créera la communication et les contenus. Et il sera rémunéré pour cela, en NFT ou dans le cadre de programmes de fidélité en cryptomonnaie !

Des possibilités qui ont de quoi donner le vertige. Une chose est sûre :  pour se saisir du potentiel offert par le Métavers, les acteurs du retail devront revoir, en profondeur, leur mindset !