Immobilier tertiaire : cap sur l’éco-innovation grâce à la taxonomie verte !
Vous avez dit taxonomie ? Derrière ce mot à la consonnance barbare, se trouve un enjeu essentiel : la classification des activités économiques ayant un impact favorable sur l’environnement. Une obligation qui s’impose, depuis le 1er janvier 2023, aux entreprises de plus de 250 collaborateurs, qui affichent un chiffre d’affaires dépassant les 40 M€ ou les 20 M€ de bilan. Objectif : orienter les investissements des acteurs économiques vers des activités durables ! Tour d’horizon des initiatives menées dans le secteur de l’immobilier tertiaire.
Taxonomie, de quoi parle-t-on ?
Dans l’immobilier tertiaire, les entreprises qui construisent, rénovent, achètent, louent ou exploitent des bâtiments, de même que les acteurs financiers détenant des biens immobiliers, doivent désormais recenser, parmi leurs actifs, ceux qui sont « alignés » avec les critères de la taxonomie verte. Au niveau européen, les 6 objectifs environnementaux dans ce domaine sont l’atténuation du changement climatique, l’adaptation, l’eau, l’économie circulaire, la pollution et la biodiversité.
Pour être considérée comme alignée avec les critères de la taxonomie verte, une activité doit contribuer substantiellement à l’un de ces six objectifs, et ne porter atteinte à aucun des 5 autres. Elle doit aussi respecter un socle de garanties sociales minimales et être conforme à un ensemble de critères techniques définis pour chacun des 6 grands objectifs.
Quelles possibilités d’actions dans le retail ?
Les grands groupes immobiliers de la distribution sont concernés au premier chef par ces obligations. Nombre d’acteurs du retail ont d’ores et déjà entrepris des mesures volontaristes en ce sens. Mais si la transformation des bâtiments constitue un enjeu environnemental majeur, elle implique aussi de fortes répercussions stratégiques et financières. Il s’agit donc de prioriser.
Dans un centre commercial, le chauffage et l’éclairage sont les postes les plus énergivores. Pour atteindre les objectifs fixés par la taxonomie verte, les chantiers prioritaires doivent donc se concentrer, en premier lieu, sur l’isolation et les équipements de chauffage, ainsi que sur la climatisation et la luminosité.
Quel positionnement des foncières face à l’investissement vert ?
C’est le chemin qu’ont choisi de suivre la plupart des groupes immobilier du retail pour rendre leurs actifs plus durables et responsables. Hammerson, propriétaire des Terrasses du Port à Marseille, a ainsi misé sur les énergies renouvelables. Son centre commercial est équipé d’une ferme solaire qui produit 20 % de la consommation énergétique des parties communes et est raccordée à la centrale de géothermie Thassalia. L’entreprise prévoit également d’installer un système de traitement des biodéchets par biométhanisation.
Urw s’est, quant à lui, engagé à réduire la consommation énergétique dans ses centres en déclenchant la climatisation à 26 degrés et en abaissant le chauffage à 17 degrés. Les éclairages des parkings ont également été réduits de 30 %, tandis que les lumières du centre sont complètement éteintes en dehors des heures d’ouverture. En parallèle, le groupe a mis en place des opérations de régénération urbaine qui s’intègrent parfaitement dans le tissu urbain, comme le montre l’exemple des Ateliers Gaîté.
Klépierre, l’un des leaders du secteur, impose la création de sas lors de chaque rénovation, pour limiter l’apport d’air chaud ou froid. Les chaudières à gaz sont remplacées par des pompes à chaleur ou de la géothermie, et des climatisations équipées de tours réfrigérantes adiabatiques (méthode de rafraîchissement basée sur la vapeur d’eau) sont installées.
Enfin, les centres Apsys ont opté pour une approche globale, incluant la mise en place de rondes nocturnes systémiques, la sensibilisation des commerçants via des actions pédagogiques régulières autour du « bail vert », ainsi qu’un suivi particulièrement rigoureux de la part des équipes de direction lors des réaménagements des locaux commerciaux.
Autant d’initiatives qui témoignent de la prise de conscience écologique des groupes immobiliers du retail et de leur engagement volontariste en faveur d’investissements plus durables.